Réaction au budget provincial 2023-2024 : investir plus ou gérer mieux ?
Dans la foulée du dépôt du budget provincial, le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, a tenu une conférence à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Avec Adsum Groupe Conseil, nous y étions pour prendre connaissance de ce que le ministre avait à dire sur les sujets qui touchent le plus directement nos clients, qui œuvrent dans les domaines de la santé, du transport, de l’énergie et de la finance.
Dans la foulée du dépôt du budget provincial, le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, a tenu une conférence à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Avec Adsum Groupe Conseil, nous y étions pour prendre connaissance de ce que le ministre avait à dire sur les sujets qui touchent le plus directement nos clients, qui œuvrent dans les domaines de la santé, du transport, de l’énergie et de la finance.
L’annonce qui a le plus marqué les esprits est sans aucun doute la baisse d’impôt, qui avait été promise par la CAQ en campagne électorale pour aider les Québécois à faire face à la hausse du coût de la vie. La mesure devrait coûter 9,2 G$ sur cinq ans à l’État québécois, une baisse de revenus qui, a assuré le ministre, n’aura aucun impact sur la capacité de l’État à remplir ses grandes missions, car les sommes seront compensées par une réduction des versements au fonds des générations. En contrepartie, le gouvernement se donne maintenant 15 ans plutôt que 10 ans pour atteindre sa cible de diminution de la dette nette.
La croissance des dépenses est marquée tant en santé (5,6 G$, soit une croissance de 7,7 %)
qu’en éducation (2,3 G$, soit 6 %).
Du côté de la santé, le ministre a raison de dire qu’il ne suffit pas d’injecter plus d’argent dans le système pour le rendre plus performant. Il faut une réforme en profondeur, ce qui est l’objectif du projet de loi qui sera très bientôt déposé par le ministre de la Santé, Christian Dubé. Le rôle du ministre des Finances est de fournir à son collègue la marge de manœuvre dont il aura besoin pour accomplir se réforme. À cet égard, on ne pourra pas lui reprocher d’avoir manqué d’esprit d’équipe.
Des investissements sont aussi prévus pour améliorer les milieux de vie des Québécois : atténuer les effets de la pénurie de logements, créer davantage de places abordables en garderie, promouvoir la culture et la langue française et renforcer l’efficacité et l’accessibilité des réseaux de transports collectifs. À ce sujet, les sommes visent toutefois à compenser la baisse d’achalandage enregistrée depuis le début de la pandémie, mais sans plus. En prenant acte du budget, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) avait d’ailleurs déjà souligné que les mesures étaient insuffisantes pour répondre à la crise de l’abordabilité du logement et soutenir la relance du transport collectif.
Quant au Plan québécois des infrastructures, il sera bonifié de 7,5 G$, pour atteindre 150 G$ sur la période 2023-2033.
Soulignons ici l’importance de miser sur l’excellence en gestion de projet afin de tirer le maximum de bénéfices pour chaque dollar investi. Ce devrait être un réflexe dans tous les ministères de se tourner vers les professionnels les mieux qualifiés pour gérer des projets d’infrastructures publiques.
Le ministre Girard a aussi annoncé des mesures visant à stimuler l’investissement privé et accroître la productivité de l’économie. On sent toutefois qu’il y un décalage entre les priorités du gouvernement et celles de la métropole. Dans la période de questions, le président de la CCMM, Michel Blanc soulignait le fait que les congés fiscaux annoncés favoriseront davantage la vitalité économique des régions que celle du centre-ville de Montréal.
Face à une inflation qui demeure élevée, à une baisse des bénéfices des entreprises qui annonce une récession prochaine et à une nouvelle crise financière qui cause des maux de tête aux banques centrales en Europe et aux États-Unis, on comprend que le ministre n’ait pas voulu s’attarder trop longuement sur ses prévisions de croissance modérée du PIB réel et de l’indice des prix à la consommation. Il y avait dans la salle plusieurs économistes dont les vues pouvaient être un peu plus pessimistes que les siennes. N’empêche que les mesures destinées à stimuler l’économie contenues dans le budget devraient arriver à point nommé. La question est plutôt de savoir si elles seront suffisantes.
En environnement, de nouveaux programmes sont créés afin de protéger les ressources en eau (Fonds bleu) et la biodiversité (Plan nature 2030). Le montant consacré à la lutte aux changements climatiques est porté quant à lui à 9 G$ pour les cinq prochaines années (+1,4 G$), grâce aux nouveaux revenus que génère le marché du carbone.
À ce sujet, le ministre a raison de souligner que le Québec possède un avantage compétitif grâce à son système énergétique beaucoup moins émetteur en gaz à effets de serre que celui de la Californie, qui prend part aussi à l’initiative. Dans un contexte de transition énergétique, cet avantage pourrait toutefois se réduire rapidement si le Québec ne joue pas suffisamment bien ses cartes pour accélérer la décarbonisation de son économie. À cet égard, une vision à la hauteur des enjeux écologiques reste attendue.
En conclusion, réduire le budget aux seules baisses d’impôts relève d’une lecture un peu trop rapide.
Nous sommes plutôt d’avis que le budget Girard contient aussi des mesures structurantes qui auront un effet durable sur la société.
L’avenir seulement nous dira si les investissements qui ont été consentis seront suffisants pour répondre aux enjeux, mais d’ores et déjà, nous pouvons dire que la saine gestion des ressources limitées de l’État jouera un rôle déterminant dans le succès des initiatives.
Que ce soit pour la réforme du système de santé ou la relance de du transport collectif, il ne suffit pas d’avoir une stratégie peaufinée et des moyens conséquents, il faut aussi que l’exécution soit sans failles.
En effet, une bonne gestion de projet permet d’économiser jusqu’à 15% des coûts d’un projet.
Ce qui, sur les montants en jeu, représente d’importantes sommes à réinvestir au Québec!
Article rédigé par David Desrosiers, conseiller en gestion de projet.
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